As-tu déjà regardé une danseuse expérimentée faire son cambré à l’arrière en amenant son haut du corps parallèle au sol, tel un cygne en balade au lac, et en te disant:

« MY GOD qu’elle est FLEXIBLE, le 2×4 que je suis ne serait JA-MAIS capable de faire ça!*

Bon, je te l’accorde, ça prend quand même une petite dose de flexibilité pour se «swinger» le corps vers l’arrière avec aisance comme ça. Mais ce que ça prend surtout, c’est une mobilité articulaire assez perfectionnée et solidifiée par des années de pratique. Là je t’entends me dire au loin:

«Ouais mais, avoir une bonne mobilité ou une bonne flexibilité, c’est la même affaire y m’semble, non?»

Et bien je t’annonce officiellement que NON, ce n’est pas la même chose, mais que OUI, la majorité des gens ne connaît pas la distinction, qui est pourtant très importante si on désire améliorer la qualité de nos mouvements, autant dans la classe que dans la vie de tous les jours. Alors fais-toi un bon café/thé/boisson de ton choix et assieds-toi confortablement sur ta chaise, on va essayer fort de démystifier ça une bonne fois pour toute!

Si j’avais à le résumer le plus brièvement possible, voici comment je distinguerais les deux :

  • Flexibilité (ou Souplesse passive) :

Se définit au plus simple comme l’amplitude de mouvement AUTOUR de l’articulation, liée directement à la capacité du complexe muscle-tendon à s’allonger/s’étirer passivement, c’est-à-dire à l’aide d’une force externe (le sol, le mur, un élastique, quelqu’un qui pousse sur ta jambe, etc.)

La flexibilité s’améliore principalement à l’aide d’automassage, d’étirements passifs (maintenir une position) ou encore d’étirements de type PNF (si tu te demandes ça mange quoi en hiver le PNF, clique ici )

  • Mobilité (ou Souplesse fonctionnelle) :

Se définit comme l’amplitude de mouvement AU SEIN MÊME l’articulation, liée à la capacité des composantes structurelles de l’articulation (muscles, tendons, ligaments, nerfs, etc.) à bouger ensemble pour effectuer des mouvements de grande amplitude activement (ou sans aide externe).

La mobilité s’améliore principalement à l’aide d’étirements dynamiques (s’étirer dans le mouvement), de mobilisation dynamique ou avec traction (par exemple avec des élastiques), mais surtout seulement en bougeant régulièrement tes articulations dans leurs amplitudes complètes!

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En gros, si tu me suis bien, la flexibilité est une composante de la mobilité, et non pas un synonyme de cette dernière (insérer musique d’exclamation ici)! Il est certain que d’améliorer la flexibilité de certains muscles tendus peut permettre d’améliorer la mobilité de l’articulation qui lui est associée. Par exemple, en étirant régulièrement mes ischios-jambiers (derrière des cuisses) si ces derniers sont très tendus, j’améliore mes chances d’être éventuellement capable de toucher mes orteils lorsque mes deux jambes sont en extension au sol, ces muscles étant souvent très limitants dans ce mouvement lorsque peu flexibles (quoiqu’ils sont loin d’être les seuls impliqués dans ce mouvement).

« Donc finalement, j’ai juste besoin de m’étirer bin gros quand je suis tendu.e et je vais devenir mobile, c’est ça?»

WO MENUTE, c’est pas ça que j’ai dit!

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L’AFFAIRE LÀ, c’est que de seulement étirer les muscles tendus sans renforcer la musculature autour risque de créer un déséquilibre ou un manque de stabilité au sein de l’articulation, ce qui augmente significativement le risque de blessure, surtout lors de mouvements de grandes amplitudes. Par exemple, si on reprend notre danseuse du début avec son superbe cambré, elle doit minimalement être en mesure d’activer ses muscles fessiers ainsi que sa ceinture abdomino-lombaire («core» et bas du dos) pour être en mesure de garder le cambré au niveau de son haut de dos (thoracique). Un relâchement de ces structures ou un manque de force comparativement à sa flexibilité thoracique risque de la mener à compenser en transférant le poids dans son bas de dos et à effectuer son cambré au niveau lombaire, la mettant à risque de développer des douleurs récurrentes, ou encore même de subir des blessures plus graves. C’est donc pourquoi le renforcement musculaire est primordial et 100% complémentaire à l’entraînement de la flexibilité, ces deux composantes réunies ensemble nous permettant d’être fortes/forts et stables dans le mouvement désiré.

Aussi, il est important de noter que certaines articulations du corps doivent maintenir principalement une bonne mobilité pour assurer leur bon fonctionnement (c’est-à-dire avoir une grande amplitude de mouvement disponible), tandis que d’autres nécessitent beaucoup plus de stabilité (c’est-à-dire d’avoir une amplitude de mouvement plus limitée). C’est ce qu’on appelle le continuum de la mobilité vs. la stabilité (super bien expliqué dans ce vidéo-ci), qui nous permet de comprendre que l’aligement de notre corps ressemble en quelque sorte à une chaîne d’articulations mobiles et stables, reliées entre elles et l’une par-dessus l’autre, qui nous permettent d’effectuer une grande variété de mouvement. Si un maillon de la chaîne est déficient, le reste de la chaîne s’en trouvera probablement affecté à long terme. Par exemple, un manque de mobilité à la cheville peut créer un manque de flexibilité au niveau des gastrocnémiens et soléaires (muscles des mollets), qui peuvent à leur tour venir tirer sur l’articualtion du genou et venir diminuer la stabilité de ce dernier, créant des douleurs ou des blessures à long terme. Makes sense?

(Si jamais le vidéo et/ou moi, sommes pas assez clairs, clique ici, tu seras pas déçue!)

Donc, si j’avais à résumer le tout de manière encore plus concise, ça donnerait surement ceci :

  • Flexibilité = musculaire = capacité du muscle-tendon à s’étirer/s’allonger = passive (avec aide externe)

  • Mobilité = articulaire = capacité de bouger au sein même d’une articulation = active (sans aide externe)

  • Améliorer sa flexibilité peut permettre d’améliorer sa mobilité, mais être flexible ne signifie pas être mobile.

  • Le corps humain est un continuum sous forme de chaînes d’articulations plus mobiles ou plus stables l’une par-dessus l’autre qui permettent le mouvement et qui s’influencent entre elles

  • Plus une articulation est mobile, plus les structures l’entourant doivent être fortes et souples pour diminuer les risques de blessures.

Et voilà! Un peu plus clair maintenant? Pas clair pentoute? Jasez-nous de ça en commentaires, on aime ça vous entendre. Cheers!

Ps. Nos cours de Stretch et de Corps de Ballet sont un pas pire match made in heaven pour travailler ta souplesse et ton endurance musculaire en même temps, on dit ça pis on dit rien 🙂